Kinshasa, 30 novembre 2018. Devant les ambassadeurs, les représentants des organisations internationales et chefs de missions consulaires réunis dans son ministère, Léonard She Okitundu a une fois de plus plaidé pour la levée des sanctions de l’Union européenne (UE) qui frappent certains dignitaires du régime depuis deux ans.
Parmi eux, l’ancien ministre de l’Intérieur Ramazani Shadary, dauphin de Kabila et candidat de la majorité à la présidentielle du 23 décembre 2018. Or aux dernières nouvelles, l’UE a préféré une reconduction technique de celles-ci, n’envisageant leur révision qu’après le déroulement des élections au cas où elles auront lieu.
Pour le vice-Premier ministre et ministre des Affaires Etrangères congolais, « Ces mesures punitives de l’UE dénotent une posture de supériorité surannée aux antipodes du partenariat coopératif et de respect mutuel entre l’Afrique et l’Europe ». Sur un ton plaintif doublé d’une menace et dans la rhétorique habituelle et pour faire d’une pierre deux coups, She Okitundu qualifie les mesures européennes de « politiques et d’illégales avant la tenue des prochains scrutins afin de remettre sur un même pied d’égalité tous les candidats à l’élection présidentielle ».
Presqu’en colère contre sa collègue européenne, l’italienne Federica Mogherini ; She Okitundu révèle que sa « conversation téléphonique » de la semaine dernière avec la Haute représentante de l’UE aux Affaires Etrangères et vice-présidente de la Commission Européenne était « presqu’un discours des sourds ». Car « faute de retrait pur et simple desdites sanctions; la partie congolaise aurait souhaité leur suspension moyennant une période probatoire ce, au nom des relations historiques entre l’UE et la RDC ».
Communication du VPM She au corps diplomatique : La #RDC sollicite le retrait des sanctions européennes avant la tenue des scrutins #Congo pic.twitter.com/yEacjdw73L
— RDCongoDiplomatie🌍 (@DiplomatieRdc) 30 novembre 2018
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Dans son ton plaintif, She Okitundu poursuit qu’au travers de cette affaire, « Il se dégage une inégalité de traitement à ces élections entre les différents candidats frappés par ces mesures et les autres…Emmanuel Ramazani Shadary est ainsi privé de sa liberté fondamentale de se mouvoir pour expliquer aux partenaires extérieurs la pertinence de sa vision. Par-dessus le marché, cette privation de liberté d’aller et venir peut être à dessein exploitée négativement par ses adversaires. Du coup, nous avons à faire ni plus ni moins à un cas flagrant d’ingérence inacceptable dans le processus électoral congolais de la part de l’UE ».
Et pour conclure et comme en désespoir de cause, le chef de la diplomatie congolaise annonce des « mesures de rétorsion » comme notamment le refus par la CENI d’accréditation des observateurs électoraux de l’UE qui s’inscrit dans cette logique : « A la souveraineté de l’UE, nous allons opposer la souveraineté congolaise de prendre des mesures de rétorsion contre les mesures qui ont été prises. Les autorités congolaises ne sont pas masochistes. A force de taper sur nous, nous allons réagir. Nous étions patients pendant deux ans, nous n’avions pas pris de mesures de rétorsion parce nous avons voulu trouver conformément à l’accord de Cotonou une réponse aux sanctions qui ont été prises ».
Pour rappel dans ce bras de fer entre l’UE et la RDC, ni le plaidoyer des avocats belges du gouvernement congolais, encore moins le lobbying forcé de Louis Michel n’auront facilité la résolution du conflit lié à la mode de gestion démocratique du pays par Kabila et ses amis.
Roger DIKU